Le Gouvernail.

Le Gouvernail lequel conduira le curieux de géométrie en perspective dedans l'architecture des fortifications, machine de guerre & plusieurs autres particularitez y contenues.

Melun (et Paris), sous l'auteur [soubz lauteur], 1598.

In-folio de (3) ff. dont le titre dans un grand encadrement architectural gravé, l'épître dédicatoire à Jacques de la Grange-le-Roy, gouverneur de Melun, une grande planche dédicatoire avec encadrement architectural avec les armes de ce dernier (à trois oiseaux et un croissant en cœur) + 44 pp.+ (73) ff. de planches.

Signatures : A-C6.

Format de la reliure : 34 x 24 cm

Cartonnage marbré caillouté gris, dos lisse avec pièce de titre en coiffe supérieure, étiquette de cote manuscrite de papier en queue, tranches mouchetées. Reliure vers 1800 conservée dans un coffret en chagrin brun titré au dos et daté en queue.

Frottement au cartonnage, coins émoussés, petit jour à l'articulation intérieure à la fin du volume. Très légèrement bruni, taches occasionnelles et de rares empruntes de doigts, une petite cerne de mouillure en marge. Quelques estampes à peine coloriées.

L'on sait assez peu de choses de la vie d'Ambroise Bachot. Il serait né dans un milieu artistique, son père, Louis Bachot, maître-peintre, habitait rue de Seine, faubourg Saint-Germain, au début des années 1540. On sait également que Bachot dessinait, gravait et imprimait dans sa maison de Melun et qu'il vendait ses estampes dans son appartement parisien. Il est aussi l'auteur d'un précédent ouvrage intitulé "Le Timon" réalisé vers 1587 tout aussi rare que "Le Gouvernail" (USTC ne référence que 4 exemplaires du "Timon" : ENSBA, Paris; Bib. Ste-Geneviève; Bayerische Staatsbibliothek de Munich; Aix-en-Provence).

"En 1571 il était auprès de l'ingénieur Agostino Ramelli, en 1573 ils étaient ensemble au siège de La Rochelle, et en 1577 à Turin. Tout laisse penser que Bachot a rempli durant seize ans auprès de Ramelli, les fonctions de conducteur des dessins et qu'il est devenu "capitaine" puis ingénieur des fortifications en partant de cette formation première acquise probablement dans son milieu familial. Pendant le siège de Paris, en 1590, Ambroise Bachot prit le parti de Henri IV, le suivit à Melun et en 1593 se fixa dans cette ville assurant les fonctions d'ingénieur des fortifications" (Hélène Vérin). La gravure représentant une machine vue à la Citadelle de Turin en 1577 alors que Bachot est avec Ramelli est datée "1589". Deux autres gravures sont datées : celle d'une machine a élever les eaux de "aoust 1579", celle d'un cadran solaire de "1583".

D'après Renouard, Bachot aurait profité des services de l'imprimeur parisien Claude Bruneval qui aurait imprimé la partie typographique du "Gourvernail".

La première partie de l'ouvrage (44 pp.) débute par une dédicace "À la bande guerrière" et se compose d'un traité de géométrie et de perspective appliqué aux forteresses. Ces démonstrations sont illustrées de 42 petites figures dans le texte gravées sur bois (1 à 3 par page) et 3 gravures sur cuivre à pleine page sur les 3 derniers ff. de texte.

Les 73 feuillets suivants présentent 171 gravures (dont 6 à double page montées sur onglets, 37 à pleine page, et 128 plus petites) de la main de l'auteur. Ces gravures sont en partie reprises du premier ouvrage de Bachot intitulé "Le Timon" et complétées d'inédites. Elles sont consacrées à l'architecture militaire et sont accompagnées d'instruments de géométrie, de cartouches décoratifs, de fragments de paysages (de montagne ou de mer, avec bateaux). On y trouve également des outils, des instruments de géométrie et d'arpentage, dont celui de l'auteur qu'il nomme "la barque", des techniques et machines de siège (catapultes, échelles d'assaut, etc.) animées de personnages, et des appareils dont l'auteur prend soin d'indiquer lorsqu'ils sont de son invention : machine pour arracher des serrureries, palans mis en œuvre par des chevaux ou des hommes, moulins, pompes aspirantes et soufflantes, etc. Une suite de 18 petites gravures sur 3 feuillets montrent des ponts et des machines de levage par Bachot d'après F. Mordente, avec description en italien. La dernière gravure de la série montre même une scène d'impression avec une presse. Bachot se serait-il lui-même représenté à l'ouvrage ? Les autres petits cuivres sont pour la plupart ornés de figures, texte et des figures géométriques qui proviennent également du "Timon". Les collations diffèrent souvent fortement dans les quelques exemplaires connus. L'ordre des feuillets est assez similaires, mais l'impression des cuivres et leur disposition sur les feuillets sont souvent différentes. On fournira à l'acheteur un tableau comparatif des planches.

Au total cet exemplaire totalise 176 gravures sur cuivre sans compter les figures sur bois de la première partie paginée.

Tirage avec le titre daté de 1598 (la partie imprimée en typographie est collée au centre de l'encadrement architectural); le tirage conservé à Paris donne la date en chiffres romains “MDIIC”.

Édition rarissime dont USTC ne localise que 5 exemplaires (2 en France : Paris, Bibliothèque Mazarine et Bibliothèque municipale du Mans; 1 à l'Eisenbibliothek en Suisse; 1 en Espagne; 1 à la British Library de Londres). ULB de Darmstadt possède aussi un exemplaire. Aucun exemplaire connu aux États-Unis.

Le précédent exemplaire passé en vente (Bibliothèque Thomas Vroom, Histoire de la perspective. Pierre Bergé & Associés, Novembre 2019) bien que très beau, comportait moins de planches que le présent exemplaire.

Provenance : titre avec cachet oval de la bibliothèque princière Löwenstein-Wertheim-Rosenberg à Kleinheubach, étiquette rectangulaire manuscrite correspondante sur le premier plat. Vente Sotheby's Munich 2, 928 (1986).

Références bibliographiques : IA 111.366; Brunet I, 600; Renouard, Imprimeurs parisiens... depuis l'introduction de l'imprimerie à Paris, p. 379-380; Jordan 148; Honeyman 181.