[échecs] Un manuel d'ouvertures romantiques.

Un manuel d'ouvertures romantiques.

Sans lieu ni date (vers 1840-50).

Cahier in-4 de 239 ff.

Format de la reliure : 27 x 18,8 cm

Demi percaline brune, dos rond titré et orné de filets à froid. Reliure de l’époque.

L’auteur de cet ouvrage inédit explore les débuts de 189 parties d’échecs ouvertes par un gambit du roi accepté (1. e4 e5 2. f4 exf4) suivi d’un gambit du cavalier (3. Cf3) ; le jeu paraît orienté vers un objectif de victoire des blancs. Les échiquiers, pré-imprimés et complétés à l’encre, sont numérotés. L’auteur peut ainsi, en se référant à une structure de pions détaillée précédemment, recenser des développements alternatifs.

L’ouverture étudiée ici est typique de l’ère « romantique » des échecs (du XVIIIe siècle aux années 1880) : la préférence allait alors à un jeu agressif et spectaculaire au cours duquel le sacrifice des pions permet de fortifier le centre. On pense notamment à la « Partie immortelle » qui opposa Adolf Anderssen à Lionel Kieseritzky le 21 juin 1851 : Andersson remporta une victoire sensationnelle en sacrifiant ses tours, son fou et enfin sa reine.
Si le jeu « positionnel », favorisé aujourd’hui, n’était pas inconnu, il était cependant boudé par les  « romantiques » au profit d’un jeu plus théâtral ; Paul Morphy, bien qu’il soit l’un des pères des échecs « modernes », exigeait qu’au moins la moitié de ses parties s’ouvrent sur un 1. e4 e5.

L’auteur s’intéresse ainsi au gambit Muzio (f. 35), où le cavalier blanc est sacrifié afin de créer de nouvelles opportunités d’attaque (1. e4 e5 2. f4 exf4 3. Cf3 g5 4. Fc4 g4). Analysé par Giulio Cesare Polerio dès le XVIe siècle, le gambit Muzio, apprécié des romantiques, gagna en popularité au XIXe siècle. Le développement de techniques plus défensives dans les années 1880 le fit cependant tomber en désuétude.

Certaines positions sont marquées par une étoile rouge ou brune. Pourrait-il s’agir de coups décisifs ou de « coups brillants », indiqués aujourd’hui par le symbole « !! » ?

Une analyse plus poussée du manuscrit permettrait d’en éclairer certains points.