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Albertus Magnus (Albert le Grand, saint)
Le Paradis de l’âme, ou Petit livre des vertus, attribué au saint Albert le Grand.
Cologne [Coloniae], Alectorius Ludwig et Soter Jakob (héritiers) [Apud Ludouicũ Alectorium et haeredes Iacobi Soteris], 1578.
In-12 de 165 pp.+ (1) f. de table.
Format de la reliure : 12 x 8,3 cm
Demi veau marbré à coins, dos rond orné de petites frises dorées, pièce d'auteur rouge et de titre bleu nuit, tranches rouges. Reliure du XVIIIe siècle.
Frottements à la reliure, coins émoussés, cerne dans l'angle inférieur des feuillets. Exemplaire de bibliothèque avec tampon de l'abbaye Monte Olivarum au verso du titre. Petite étiquette ovale en papier en queue.
Titre avec encadrement gravé sur bois ainsi que des initiales.
Essentiellement un traité sur les fausses vertus, le "Paradisus animae" s'inscrit dans le genre populaire des œuvres moralisatrices médiévales, suivant la "Psychomachie" de Prudence, qui caractérisent le combat intérieur de l'âme ou de l'esprit d'un individu comme le conflit entre les vertus et les vices. Ce texte se distingue par le fait qu'il s'intéresse avant tout aux vertus qui se font passer pour des vices, au lieu de présenter une synthèse de toutes les vertus. Le phénomène des fausses vertus, soutient l'auteur, rend difficile la distinction entre vertu et vice. Chacun des 42 chapitres (de la charité à la persévérance), qui se suivent sans ordre précis, présente la nature d'une vertu particulière, suivie de conseils sur la manière de la pratiquer, et conclut par l'identité de la "fausse vertu" à laquelle elle correspond.
L'auteur de ce traité ne peut être identifié avec certitude, ni la date de sa composition originale. Il est publié comme une œuvre du dominicain Albert le Grand (né en 1193 ou 1206 ; mort en 1280), célèbre philosophe scolastique et professeur de Thomas d'Aquin.
Bloomfield, qui recense une vingtaine de manuscrits de l'ouvrage, ne l'attribue qu'avec hésitation à Albert le Grand (Bloomfield, n° 5875, pp. 507-508). Glorieux le désigne également comme une œuvre d'Albert le Grand et cite Borgnet pour une liste de manuscrits (vol. 1, pp. 62-77). Cependant, d'autres attributions citent "saint Bonaventure, Johannes de Peckham et Humbert de Romans" (Voir : Catalogue des incunables, Paris, BnF : A-182, A-183). L'ouvrage fut imprimé dès 1473 sous le titre d'Albertus Magnus, De virtutibus animae veris et perfectis sive Paradisus animae, [Cologne, Johannes Solidi (Schilling), pas après 1473], comme l'indique Goff A290 (voir aussi GW 703 ou ISTC ia00290000).
Vanhamme a publié une traduction française avec préface, dans laquelle il remet en question l'attribution à Albert le Grand en partie parce qu'il trouve le texte plus typiquement franciscain que dominicain :
“On a attribué au bienheureux Albert le Grand et au bienheureux Humbert de Romans le Livre des Vertus ou le Paradis de l’âme. Il ne semble pas que cet ouvrage soit d’origine dominicaine. Voici, je ne dis pas les preuves, mais certains indices qui font supposer que l’auteur de ce livre est un franciscain. Je les donne à titre d’hypothèses, en attendant qu’on résolve la question par l’étude des manuscrits... On trouve dans un opuscule de saint Bonaventure, des ressemblances avec certains passages du Paradis de l’âme... Il s’agit de la Somme sur les Degrés des Vertus. Il y a 30 vertus... Ces 30 vertus se trouvent dans le Paradis de l’âme, avec 12 en plus... On dirait que ces deux ouvrages se complètent. Si la Somme sur les Degrés de Vertus est d’inspiration franciscaine, il est intéressant de noter ses nombreuses ressemblances avec le Paradis de l’âme... Il n’y a dans le Paradis de l’âme aucune allusion à un évènement qui permette de déterminer l’époque à laquelle cet ouvrage a été composé... Enfin la différence entre la contemplation, la méditation et la simple pensée est exprimée, presque dans les mêmes termes, par l’auteur du Paradis et par Denys le Chartreux. Denys connaissait-il le Paradis de l’âme ?” (Vanhamme, 1921, pp. 1-6).
Charmant exemplaire du "Paradis de l'âme" dans une édition de poche du XVIe siècle.
Références bibliographiques :
Bloomfield., M. W. et al. Incipits of Latin Works on the Virtues and Vices, 1100–1500, Cambridge, The Medieval Academy of America, 1979.
Glorieux, P. Répertoire des maîtres en théologie du XIIIe siècle, Saint-Amand, R. Bussière et Paris, J. Vrin, 1933.
[Albertus Magnus]. Vanhamme, G., Le Paradis de l’âme, ou Petit livre des vertus, attribué au bienheureux Albert le Grand, Librairie Saint-Thomas d’Aquin, Saint-Maximin, 1921.
VD16 ZV 309