Publié le :
29/02/2020 14:15:57
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Dans l’imagerie populaire, on connait plutôt bien l’imagerie d’Épinal : l’expression est même entrée dans le langage courant. L’imagerie de Wissembourg quant à elle, ne bénéficie pas de la même popularité… elle n’a cependant rien à envier à la première !
Mais en fait, une « image populaire », c’est quoi ?
« Au XIXe siècle, en Alsace, en milieu rural, il était d’usage d’offrir une image en souvenir des étapes qui marquent le cours de la vie. Des imagiers-peintres travaillaient à la demande des habitants pour conserver, par l’image, les moments de joie et de peine de la vie : naissance, baptême, confirmation, devoir militaire, amitié, mariage, mort …
Les images populaires sont en fait le témoin des joies et des bonheurs mais aussi des difficultés, des peurs, des sacrifices de la vie de nos aïeux, dont elles sont le reflet. Elles nous émerveillent par leurs couleurs éclatantes, leur réalisme quelquefois un peu naïf, leur diversité. Car, derrière cette apparente simplicité se cache bien l’infinie richesse des symbolismes et codes de conduites d’un groupe social à un moment donné. Regarder et comprendre ces images est un moyen d’enrichir notre connaissance, d’ouvrir notre esprit et de nous faire réfléchir sur notre propre mode de vie et de pensée ! » (1)
Et chez Wentzel ?
Ses fameux grands formats étaient utilisés à des fins décoratives pour les auberges, les salles de fête et les kermesses, mais aussi à des fins informatives avec quelques textes ajoutés en français, en allemand et parfois traduits dans de nombreuses langues, celles-ci servaient alors à la promotion politique, morale et religieuse.
En 1871 l’Alsace connu l’annexion. L’imprimerie dû se tourner vers l’Allemagne : en témoignent les nombreux portraits de généraux et empereurs allemand tel que Guillaume II ou Frédéric III.
Par quel procédé sont obtenues les images chez Wentzel ?
Les images sont obtenues à partir d’un procédé appelé la « lithographie » (du grec lithos, "pierre" et graphein, "écrire") : c’est une technique d’impression à plat qui permet de reproduire un dessin tracé à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire.
Cette technique a été inventée par Aloys Senefelder en 1796, en Allemagne. Elle est devenue très populaire dès le début du XIXe siècle et s’est imposée comme l’une des principales techniques de l’estampe, de par son faible coût de production.
C’est à Mulhouse qu’en 1837, Godefroy Engelmann inventa la chromolithographie ou lithographie en couleurs (un nouveau procédé reposant sur l’impression en quadrichromie).
Le principe de la lithographie, fondé sur la répulsion mutuelle du gras et de l’eau, est à l’origine de la technique moderne de l’offset…
Mais comment obtenir des images aussi grandes ?
Wentzel produit de nombreux sujets, les plus impressionnants étant les figures grandeur nature obtenues par assemblage de 3 ou 4 feuilles formant des lés. L’impression lithographique admet quelques contraintes, les feuilles imprimées ne peuvent pas dépasser certains grands formats qui sont limités par la taille des pierres. L’idée de l’assemblage permettra une diffusion des images dans les lieux publics.
Que sait-on de l’imprimerie Wentzel, en bref ?
L’imprimerie connut une diffusion et une renommée internationales grâce à Jean-Frédéric Wentzel, qui prit sa direction en 1835. Elle gardera le nom de Wentzel malgré les différents directeurs qui furent en place après sa mort : elle fut tour à tour prise en charge par Burckardt, Jungck et Schenck puis Ackermann. Son activité dura jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale qui mis fin au process d’impression lithographique.
En son temps le plus faste, l’imprimerie réunissait 60 employés. Elle tirait plus de 2 millions d’images par an grâce à dix-huit presses lithographiques, sur divers sujets religieux, humoristiques, décoratifs, et informatifs. Elle devance même, en 1869, celle de l’imagerie Pellerin d’Epinal : à ce compte, Wissembourg figure à l’époque en place d’une des trois plus grandes industries de l’imagerie populaire en Europe !
Que deviennent ces images aujourd’hui ?
Aujourd’hui les images n’ont rien perdu de leur attrait. L’impression, les couleurs rehaussées au pochoir ainsi que le format unique en font des objets témoins de la culture Alsacienne de la fin du XIXe siècle. Elles montrent l’importance de « l’imaginaire collectif d’une société ». Les sujets balayant les domaines du sport, de la fête, des contes et de la politique soulignent le caractère immuable des formes et modes de l’histoire de l’illustration !
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De très beaux spécimens sont conservés au Cabinet des Estampes et des Dessins de Strasbourg, ainsi qu’au Musée de l’image populaire à Pfaffenhoffen.
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Retrouvez également de nombreux grands formats originaux de l’imprimerie Wentzel en librairie et sur notre site internet !
- (1) Musée de l’image populaire à Pfaffenhoffen : https://commune-valdemoder.fr/culture-loisirs/musee-de-l-image-populaire
- Catalogue de l’exposition « Des Mondes de Papier, L’imagerie populaire de Wissembourg » ed. Musées de la Ville de Strasbourg, qui eut lieu à Strasbourg en 2011.
- D. Lerch - L’Imagerie Wentzel de Wissembourg au XIX e siècle, Strasbourg, Istra, 1982.
- http://pressagrun.20minutes-blogs.fr/archive/2010/10/04/l-imagerie-populaire-de-wissembourg.html
- https://www.gralon.net